Allé voir Avatar 3d hier.
Image intéressante : le public se met des lunettes afin de vivre de manière plus réaliste une histoire où des humains se branchent sur des extraterrestres à forme humanoïde afin de vivre de manière plus réaliste la vie des extraterrestres…
Très bon article au sujet du « complexe de l’élu » répété dans plusieurs films de science-fiction sur Gawker. Cette analyse du film fait la lumière sur l’habitude qu’ont les « blancs » (lire caucasiens/occidentaux) de faire des films où un homme blanc devient le sauveur d’une autre race, dans un élan de culpabilité post-colonial. C’est vrai. On peut analyser Avatar de cette manière. La chose qui m’agasse dans cet article est que l’auteur élabore sa réflexion dans une optique de conflit entre noir et blanc. Le titre de l’article est évocateur : « When will white people stop making movies like « avatar »? »
Le scénario d’Avatar est certainement marqué par un complexe de culpabilité occidental envers les premières nations, c’est manifeste. Ce réflexe un peu primaire de vouloir devenir le sauveur d’un peuple menacé est peut-être symptomatique d’une société qui ne sait plus comment vivre avec ce complexe, avec cette certitude qu’elle a commis l’irréparable.
Mais on peut aussi pousser l’analyse plus loin. Si, au-delà d’une dualité de race, notre complexe de culpabilité en était un dirigé directement vers notre espèce? C’est-à-dire la race humaine? Il est en effet possible de considérer Avatar comme un film faisant l’éloge de l’inhumain. La nature humaine y est dépeinte comme un abîme de souffrance où la corruption et l’avarice règnent en maîtres, et où les impératifs économiques priment sur la morale et/ou l’éthique. Le complexe de culpabilité à la base du scénario d’Avatar est donc peut-être bien plus profond; on aimerait bien devenir autre chose…
Alors on se met des lunettes 3d, pour se mettre dans la peau d’un humain qui devient inhumain.
Avatar n’est pas un grand film, mais c’est un bon divertissement d’où pointe un malaise profond plutôt intéressant.