Contemplation, Notes

LME – Chronique du 22 Août 2016

Je découvre un nouveau monde qui est beaucoup plus vaste que je ne l’avais imaginé! Non, je ne parle pas de No Man’s Sky mais bien de cette nouvelle fascination que j’ai pour les légendes et les mythes entourant les jeux vidéos. À chaque nouvelle recherche je tombe sur de nouvelles histoires, chacune inspirante à sa manière. Cette semaine, dans ma chronique aux Mystérieux Étonnants, je me suis penché sur deux phénomènes :

Killswitch
Dès le départ, le nom de ce présumé jeu de 1989 renferme une bonne dose de mystère. Supposément conçu par une équipe de programmeurs Russes à la fin du régime soviétique (méga référence au mythos entourant Tetris, ici), ce jeu tiré à seulement quelques milliers d’exemplaires aurait la particularité de s’effacer après une session de jeu. Donnant le choix au joueur dès le menu d’ouverture d’incarner soit une jeune fille ou un démon invisible (littéralement), il serait facile de terminer l’aventure grâce au premier, et presque impossible (pour des raisons évidente) en utilisant le deuxième. L’histoire se corse lorsque des années plus tard, un collectionneur réussi à mettre la main sur la dernière copie existante pour plusieurs centaines de milliers de dollars. Voulant documenter sa séance de jeu unique, le collectionneur décide de la diffuser par vidéo; mais lorsqu’il arrive devant l’écran de menu du jeu, celui-ci éclate en sanglot, incapable de poursuivre.

Cette histoire se retrouve maintenant un peu partout sur Internet. On retrouve même des exemples de gameplay de Killswith sur Youtube :

Mais KillSwitch est une oeuvre de fiction, qui par l’unique pouvoir de la littérature a réussi à déborder de son cadre originale, pour venir contaminer l’imaginaire collectif. Si le sujet vous intéresse, voici un lien vers un essai très intéressant au sujet de la réception de l’histoire.

La course aux runes des indie games
Je laisse ici l’article de Vice qui décrit le phénomène entourant la présence de runes et de morceaux de puzzle complexe à l’intérieur de plusieurs jeux vidéos indie ayant vu le jour depuis 2015. Apparemment, un énorme Alternate Reality Game (ARG) serait en train de se mettre en place, sans que la plupart des personnes impliquées dans la construction du jeu ne soient au courant de son issue!

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Écrire, Édito, Notes

Je suis un cyborg

« Rien ne tourmente l’appétit du Collectif comme le Livre. Ça l’irrite spécialement, cet objet matériel, non électrique, dans quoi un solitaire peut s’absorber longtemps, en silence. C’est le village d’Astérix de l’Empire du Bien Google, l’exception scandaleuse d’un flux désuet à connexion psychique en différé sur les temps passés. » (source)

Le Collectif : Selon la critique-fiction de Larose, le cyber-espace serait comme « le collectif » du Borg, dans Star-Trek; une entité assimilant tout sur son passage, et niant l’individualité de l’Homme.  C’est plutôt l’analogie bancale de Larose qui assimile tout sur son passage, en mettant dans le même panier utilisateurs, créateurs, commentateurs et industriels. Je ne ferai pas l’apologie de la liberté d’expression que nous permet la publication numérique; c’est factuel. Nous ne sommes jamais obligés de nous plier à la volonté des gens qui commentent négativement nos billets. Bien au contraire. Souvent, ça nous force à approfondir notre prise de position, à chercher de nouveaux arguments pour défendre notre point de vue.

En parlant du Borg. Larose me l’avait sorti, en plein cours d’ailleurs : « Oui, j’aime la science-fiction, je suis un amateur de Star Trek ». Il s’était justement mis à parler du Borg. Tout porte à croire que c’est l’unique référence en la matière qu’il possède. On remarque ici une réaction typique de l’adepte de la terreur androïde…

Le fait est que je suis un cyborg. J’aime m’enfermer dans une pièce avec de l’encre et des piles de papier, d’ouvrages théoriques et de romans jaunissant.  Rencontrer des amis autour d’une quantité phénoménale d’alcool. Écrire une lettre. Faire l’amour et dire : « un autre grand roman qui ne s’écrira pas ». Conspuer la réforme de l’orthographe, admirer un vers de Miron, faire des blagues au sujet du lac Léman.

Mais je suis un cyborg.

Je suis un être de chair et de métal, de sang et de culture. J’aime sentir l’acide d’un livre vieillissant autant que l’acide des batteries de mon netbook ou de mon Ipod. J’aime me servir du « futur » pour voir et dire le passé et l’infinie continuité du présent.  J’utilise wikipédia, je cite des viédos youtube, je lis Gawkers et j’admire Balzac. Oui, c’est possible, Monsieur Larose, de ne pas avoir envie d’entrer dans une « classe »…

« Le livre irrite le collectif » : faux.  La plupart de mes collègues modernes sont d’accord pour dire que le livre électronique est une fausse invention, qui vient du haut et non du bas.  C’est une grande faute d’associer livre électronique (industrie, produit) et culture de la grille.

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?, Notes

Sagesse cynique

Une culture forgée à grands coups de récits critiques de l’air industriel, de la société de consommation et de la bourgeoisie capitaliste peut-elle vraiment pousser la critique sans réécrire la même chose, et sans basculer vers le programme politique, ou le roman à thèse?

Je me surprends à penser ses univers dystopiques comme des utopies. J’écris.

Je commence prochainement la lecture de Player Piano, de Vonnegut (merci Stéphane), ainsi que de Crash, de James Graham Ballard.  Je vous en redonne des nouvelles.

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Écrire, Notes

Écrire #1

Écouté Chrsitian Bobin parler de l’écriture. Trouvé ça un peu convenu, mais agréable à entendre, réconfortant.

L’écriture pour moi, c’est prendre le métro. Marcher dix, vingt, trente minutes à la recherche d’une station. On le voit rapidement, ce cercle qui entoure une flèche pointant vers la terre.

Et, on s’y engouffre. Littéralement. On descend vers la bouche. Dans la bouche. Elle nous mange, et nous transporte à travers le sous-terrain.

En bas, on fait des liens. On embarque dans un wagon où la moitié des néons sont brisés. Les lumières toujours fonctionnelles sursautent au gré du courant de plus en plus rare. Il y a des gens, mais personne ne se regarde vraiment. On a les yeux perdus dans le reflet de l’absence.

Parfois, le train tombe en panne. Si on est chanceux, une barre de fer trainant par là nous permet d’ouvrir péniblement une porte. On descend et on marche en silence, tranquillement, vers l’autre station. Il faut faire attention; la cendre sur laquelle on marche peut nous étouffer, si nos mouvements sont trop brusques.

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Édito, Notes

Avatar wrap up

Allé voir Avatar 3d hier.

Image intéressante : le public se met des lunettes afin de vivre de manière plus réaliste une histoire où des humains se branchent sur des extraterrestres à forme humanoïde afin de vivre de manière plus réaliste la vie des extraterrestres…

Très bon article au sujet du « complexe de l’élu » répété dans plusieurs films de science-fiction sur Gawker. Cette analyse du film fait la lumière sur l’habitude qu’ont les « blancs » (lire caucasiens/occidentaux) de faire des films où un homme blanc devient le sauveur d’une autre race, dans un élan de culpabilité post-colonial. C’est vrai. On peut analyser Avatar de cette manière. La chose qui m’agasse dans cet article est que l’auteur élabore sa réflexion dans une optique de conflit entre noir et blanc. Le titre de l’article est évocateur : « When will white people stop making movies like « avatar »? »

Le scénario d’Avatar est certainement marqué par un complexe de culpabilité occidental envers les premières nations, c’est manifeste. Ce réflexe un peu primaire de vouloir devenir le sauveur d’un peuple menacé est peut-être symptomatique d’une société qui ne sait plus comment vivre avec ce complexe, avec cette certitude qu’elle a commis l’irréparable.

Mais on peut aussi pousser l’analyse plus loin. Si, au-delà d’une dualité de race, notre complexe de culpabilité en était un dirigé directement vers notre espèce? C’est-à-dire la race humaine? Il est en effet possible de considérer Avatar comme un film faisant l’éloge de l’inhumain. La nature humaine y est dépeinte comme un abîme de souffrance où la corruption et l’avarice règnent en maîtres, et où les impératifs économiques priment sur la morale et/ou l’éthique. Le complexe de culpabilité à la base du scénario d’Avatar est donc peut-être bien plus profond; on aimerait bien devenir autre chose…

Alors on se met des lunettes 3d, pour se mettre dans la peau d’un humain qui devient inhumain.

Avatar n’est pas un grand film, mais c’est un bon divertissement d’où pointe un malaise profond plutôt intéressant.

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Notes

Machine écrivante

J’ai fait un ajout à ma petite liste de lectures. Il s’agit d’un texte légèrement suranné de Jean-François Chassay, mais qui renferme quelques pistes intéressantes:

« Une machine « écrivante », qu’on aura informée de façon adéquate, pourra elle aussi élaborer sur la page une personnalité d’écrivain précise, impossible à confondre, elle pourra être réglée de façon à développer ou à changer sa « personnalité » à chaque nouvelle oeuvre. L’écrivain tel qu’il a existé jusqu’à présent est déjà une machine écrivante. » (CALVINO, 1984)

On m’a repproché un jour, dans un congrès de science-fiction, de ne pas écrire de vrai cyberpunk parce que mes personnages n’étaient pas tous implantés de bidules métalliques…

Je n’en suis pas fâché.

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